Introduction au sorties hors-piste en Gaspésie

Splitboarding 101
Une collaboration de Simon Dubois (alias D-woodzs sur le forum)

Qui n’a pas rêvé d’avoir une montagne à sois pour dévaler descente après descente des lignes aux choix multiples et remplis de poudreuse? Avoir le sentiment d’explorer, de conquérir un territoire loin des foules, d’avoir un contact direct avec la nature et ses éléments, être dans de grands espace souvent encore vierge et terminer sa journée avec le sentiment de satisfaction d’avoir vraiment accompli quelque chose d’unique. C’est ce qui nous procure le snowboard hors-piste.

De nos jours, l’image que l’on associe au backcountry (hors-piste) est souvent associée à des lignes de cinglé, d’immenses cliffs ou corniches à sauter, des sauts d‘une longueur à n’en plus finir et des grosses pillows lines. Bref, c’est ce que nous projette souvent la boite à image dans l’expression purement visuelle de l’arrière-pays! Avoir une équipe de tournage, de paramédicaux à disposition, d’hélicoptère (en cas d’évacuation) et aussi d’experts formés en avalanche, maximise la sécurité du lieu filmé (délégation qui n’est pas souvent montrée sous les objectifs). Bref la réalité est bien différente pour nous amateurs en hors-piste. On est souvent loin de toute civilisation, de secours et on a souvent un manque d’information lié au terrain et à la météo en temps passé et réel.

La pratique de ce sport est encore bien méconnue par plusieurs adeptes de sport de glisse, mais gagne en popularité saison après saison. Il est donc très important de comprendre tous les aspects sécuritaires de ce sport qui contient plusieurs risques et ce n’est pas toujours au moment de la descente que surviennent les incidents comme plusieurs pourraient le constater.

Avant de préparer une sortie en arrière-pays il est important de tenir compte de plusieurs aspects pour obtenir une journée remplie de satisfaction et non de cauchemars et de déceptions. Les étapes primordiales avant une sortie devraient débuter par bien étudier le bilan météo. On ne regarde pas simplement la météo pour la journée même, mais on en tient compte plusieurs jours avant et même voir plusieurs semaines. Le but de cet exercice est de constater l’évolution (sans exactitude, précise, mais cela donne une bonne idée) des strates et des indices sur de possible risque d’avalanches dans notre manteau neigeux. Il est important de tenir compte de la météo prévue pour la journée même de notre sortie pour savoir comment bien se vêtir et aussi pour savoir si il y aura de bonnes variations de température qui affectera directement l’évolution de notre manteau neigeux (strate de neige plus faible et cristallisation de la neige).

Après avoir consulté la météo, il faut tenir compte du terrain avec l’aide de cartes topographiques ou autre. Se préparer à un itinéraire nous donne souvent des indices à suivre sur un chemin de sortie en cas d’urgence ainsi que le ou les versants exposés (tenir compte des plaques à vents, expositions aux roches, voies d’ascensions, zone de dénivelé abrupt/cliffs à rider ou éviter, etc.). Ensuite, il faut s’assurer d’avoir l’équipement individuel ou de groupe (arva, pelle, sonde, cartes topographiques, boussole, GPS, équipement de survie, eau, nourriture, médicaments, vêtements chaud (de rechange), outils, lunch, pièces de rechange, lampe de poche, etc.) Avant le départ, il faut obtenir de l’information sur le groupe. Est-ce que tous les participants sont en raquettes, splitboard, ski de touring (ou tourisme), bottes, etc. La vitesse de déplacement du groupe et la dépense énergétique ne sera pas la même pour chaque participant dépendamment du moyen de locomotion choisi et de sa forme physique. Connaitre la force de chacun et ces connaissances globales influencera sur le choix de la sortie. Il faut toujours reconnaitre le niveau d’habileté de descente du plus faible rideur et non du plus avancé du groupe pour choisir la pente en conséquence. Les connaissances en avalanche, secourisme, lecture de terrain, GPS/cartes & boussole, survit en forêt, leadership etc. donnent à un groupe beaucoup d’expertises. Ils pourront alors prendre des décisions justes et plus éclairées pour s’aider mutuellement. Un conseil que je peux vous donner est d’effectuer des sorties en compagnie de gens qui ont plus d’expériences que vous sur le terrain. La théorie est un bon outil, mais rien ne vaut la pratique. Avant de débuter la sortie, il important d’informer les proches sur le lieu fréquenté, l’itinéraire et l’heure de retour. Il faut être certain d’obtenir les droits d’accès du domaine skiable et de celui pour s’y rendre (accès en motoneige, chemin appartenant aux compagnies forestières, chemin privé non entretenu, parcs provinciaux, aire de reproduction des caribous, etc.) Prenez aussi les numéros de téléphone en note en cas d’accidents (Sureté du Québec, centre d’avalanche, S.É.P.A.Q., ambulances, airmédic, etc.) Toujours s’informer de la réception cellulaire dans la zone visitée ou de la location du téléphone disponible le plus près du site exploré.

Lors du départ, toujours s’informer des conditions routières, faire le plein d’essence (car souvent en région éloignée, les postes d’essences sont souvent très distancés). S’assurer d’avoir tout le nécessaire (traction aid, chaines, pelle, câble de survoltage, etc.) pour arriver à point et d’être capable d’en revenir. Dès que vous arrivez au terrain déterminé, faites une brève réunion de groupe pour actualiser et réévaluer les points importants. Savoir qui dispose au sein du groupe de la trousse de premier soin, de la trousse de réparation, de la trousse de survie, etc. Récapituler sur le sentier à emprunter lors de l’ascension, la route de sortie en cas d’urgence, réexpliquer les risques d’avalanche (déplacement en montagne, etc..) Soyez certain que tous les participants sont attentifs aux directives et soyez bref dans vos instructions, car c’est souvent à cet instant fébrile que les rideurs commencent à ne penser qu’à la poudreuse qui les attend là-haut. C’est là que la sécurité devient souvent secondaire pour eux dû à l’inattention due à la vue du terrain si convoité.

Rendu au point de départ du sentier veuillez vérifier tour à tour si tous les émetteurs/ récepteurs ARVA (appareil de recherche de victime d’avalanche) sont en fonctions et opérationnels correctement. Rendu à cette étape, il ne vous reste plus qu’à grimper, bootpacker, ou skinner de façon sécuritaire tout en observant les signes (évolution du manteau neigeux avec l’altitude, bruits et craquements de neige, vents, etc..) L’information présente et réelle peut faire changer l’itinéraire initial et la route à emprunter au courant de la journée. Je ne rentrai pas dans les détails sur l’étude du terrain, car je suis un passionné de splitboard et non un professionnel en formation sur les avalanches.

Au courant de la journée, il est important de bien s’hydrater et aussi de bien s’alimenter constamment. Ne pas oublier que ces deux facteurs fourniront l’énergie qui alimentera, hydratera votre corps et qui aidera aussi à sa thermorégulation. Rendu au sommet, il ne reste plus qu’à savourer le moment de la descente si apprécié tout en rappelant les règles de sécurité telle que les zones sécuritaires d’arrêt et surtout de ne pas skier en amont des autres rideurs dans le but de ne pas déclencher d’avalanche sur ces derniers!

Dans ce texte, je n’aborde pas l’évaluation du terrain neigeux, l’utilisation de l’ARVA , l’utilisation de l’échelle de risque, la recherche et sauvetage suite à une avalanche, les déplacements en terrain présentant un danger, etc. Si vous désirez obtenir des informations complémentaires ou suivre des formations pour votre perfectionnement voici des adresses internet et références qui peuvent vous aider à prendre des décisions plus éclairées pour votre sécurité et surtout celle des autres utilisateurs de la montagne. Je vous le recommande fortement. Ne pas oublier que même avec beaucoup d’expérience, on ne devient pas nécessairement expert. On s’adapte à un terrain qui est constamment en changement. Une mauvaise décision peut vous couter la vie et ne pas oublier que la montagne elle sera toujours là demain matin.

Carnet personnel de photos hors-piste de Simon
(toutes prises entre le 6 et le 14 janvier dernier au cœur des chic chocs)

…les photos ci-haut sont celles de Murdochville avec son Mont Porphyre, le secteur des Daltons, la 00Sex et le Chic Chac

Valliäres St-Réal :

Mont Lyall :

Mont Albert :

La descente de Hog’s Back :

Le Champ de Mars (champ de la paix) :

Blanche Lamontagne :

Liens et adresses utiles :
www.centreavalanche.qc.ca, www.avalanche.ca, www.acmg.ca, Guide de sensibilisation aux avalanches en montagne et The fine Line (film éducationnel par Sherpas production). Autres informations pertinentes : www.splitboard.com, www.backcountry.com, www.hiver-gaspesie.com, www.beaconreviews.com, www.mapper.acme.com .

Dans ma prochaine collaboration, je visiterai l’auberge festive du Chic Chac à Murdochville qui offre du cat-ski (et remonté en motoneige), de l’hébergement et des repas à prix plus que compétitif, le tout sous un même toit!!!

– (alias D-woodzs sur le forum)

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